CONTACT

L’écriture de JChristophe DELMEULE

ou l’Art de Sculpter la Langue

REDONDANCE DE LA CATASTROPHE

Reflet d’ardoise comme toiture des voix, lacs tendres des pommettes et falaises d’aspics. Morsures poudrées qui joyeuses déchaînent le pan souterrain des chutes.

Lacérées les mâchoires factices de l’abrupt libèrent le son des filins. Lancinés, les mimes éclatent sur le ciel des horizons. Laminées les mutineries s’épuisent dans le silence des orages.  

Puisque la mort a le bras en écharpe, il faut que les hommes lui tiennent son scalpel, lui tendent l’arc des plaies et mutilent le mouvement des silhouettes.

Pendu, le soleil des suies dénombre les cendres, une à une, dans le cortège des exils et la perte des voies. Ce sont murs et aciers, lames et silex. Ce sont épines de sang et larmes figées.

À voir passer le temps on oublie les corps abandonnés.

Au loin le chant des sibylles qui éclatent de rire, qui déforgent le pain pour brûler la mie et donner aux oiseaux le repas des maudits.   

Ce sentier qui longe la côte, cette auréole genêt qui brille sous la pluie, cette dune arpentée qui s’effondre sous le pied.

La peur est circulaire. Elle hante les faubourgs de la ville, traque les hommes déjà chassés, comme en redondance de la catastrophe.

Tu pries, tu plies le genou sous la fuite, tu postes dans les nuages le dernier soupir de l’abandon.

20 septembre 2015 - JCD