LE PEUPLE DES MASQUES

Présences invisibles dans l’écoulement des sources, jaillissements des formes sous la brume des glaces, corps devinés dans la nudité des fibres, échos gravés sous les roches alluviennes, bribes, fragments, traces nouées dans l’antre des troncs ou désignées au chœur des aspirations.

Ce souffle modulé qui gravit la voix, cette blessure signée par la plume des octaves, opéra muet ou poème de l’espoir, histoire brisée des peuples chassés d’eux-mêmes, nomadismes des plaintes quand elles dévoilent le visage de l’absence.

Ce sont les masques qui peuplent les forêts, qui hantent les effractions marbrées de la montagne ou qui en appellent à l’intimité des errances. Ils sont là où nous sommes. Et nous sommes où ils vivent.

Comme carotide des effacements ou déchaînements des passions. Ils attendent, ils guettent, ils espèrent que le cri nouera dans la gorge la complicité des exils. Il suffit d’un regard pour déceler en eux le reflet des patiences et l’impulsion des désirs.

Qu’ils viennent, qu’ils murmurent, qu’ils ébruitent en fureur le secret des abymes.